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Association Territoire d'avenir Ourcq-Marne-Multien
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8 mai 2012

Gaz de schiste : le problème des eaux usées à traiter

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Photo: Texas Sharon
Traduction

Le problème des eaux de fracturation.

Aux prises avec des baisses de revenus, les autorités du service de traitement d’eau de Niagara Falls a eu une idée pour trouver une source d’argent l’an passé : pourquoi ne pas traiter les eaux de fracturation toxiques générées par les forages pour le gaz naturel dans son usine de traitement d’eaux usées lorsque l’exploitation débutera dans l’État de New York ? En acceptant de traiter les déchets, on règlerait ainsi le problème des baisses de revenus tout en ralentissant les hausses de tarifs des clients de cette région dont le contexte économique n’est pas très florissant. Tel est leur raisonnement.

Mais l’idée d’avoir des fluides de fracturation transportées par camion-citernes dans les rues de la ville, les traiter et les déverser dans la rivière Niagara a effrayé les résidents dont plusieurs se rappellent encore la crise du Love Canal des années 1970. Par vote unanime, le conseil municipal de Niagara Falls a bloqué le projet ce printemps en interdisant le traitement, le transport, le stockage et la disposition des fluides de forage à l’intérieur de son territoire. “Nous n’allons pas recommencer ce cauchemar, un désastre chimique” dit le président, Samuel Fruscione.

Tandis que les services de l’environnement de l’État de New York peaufinent les projets de lois encadrant la fracturation hydraulique horizontale, un processus d’extraction de gaz naturel controversé, les eaux de fracturation mettent au défi l’industrie et l’administration. Le forage implique une injection d’importantes quantités d’eau et de produits chimiques dans les formations de schiste afin d’en forcer la libération du gaz. Si cela commence dans New York, les puits de gaz pourraient générer des centaines de millions de gallons d’eaux usées toxiques tous les ans, sans savoir où elles iront.

Les autorités fédérales ont prévenu l’État de New York qu’il ne pourrait  se fier aux réglementations appliquées aux eaux saumâtres issues des puits de gaz conventionnel qui génèrent beaucoup moins de nuisances que la fracturation hydraulique. La majorité des eaux issues des forages conventionnels de l’État de New York sont envoyées aux usines de traitement des eaux usées, comme celle dans Auburn, près de Syracuse, ou  épandues pour déglacer les routes ou contrôler la poussière. New York envoie aussi ces eaux industrielles à des usines de traitement privées en Pennsylvanie et dans l’Ohio. Dans des commentaires écrits sur les projets de lois encadrant la fracturation, l’EPA a indiqué que l’État devrait interdire l’épandage des eaux de fracturation hydraulique sur les routes parce que les polluants pourraient se retrouver dans les aquifères et les cours d’eau,  en raison de  l’infiltration et du ruissellement des eaux pluviales. L’agence a aussi prévenu l’État que les usines de traitement des eaux usées des autres États n’avaient probablement pas la capacité  de traiter les eaux de fracturation polluées de New York. 

L’EPA établit en ce moment des normes nationales de pré-traitement des déchets envoyés aux usines de traitement d’eaux usées municipales ou privées, après s’être rendu compte que beaucoup d’entre elles ne sont pas conçues pour traiter ce genre d’eaux usées et pouvaient polluer les rivières et autres cours d’eau.

Une autre option serait de construire des nouvelles usines de traitement adaptées à l’industrie de fracturation hydraulique, mais pour les représentants de cette industrie, la nécessité de ces investissements n’est pas justifée. Pour compliquer les choses, les  anti-schiste ont déjà provoqué des douzaines d’interdictions connexes à la fracturation hydraulique comme celles prises dans la municipalité de Niagara Falls.

La gestion des eaux usées représente  un défi pour l’industrie” selon John Conrad, copropriétaire de P.V.E. Sheffler, consultant en ingénierie et environnement des compagnies  qui opèrent  en Pennsylvanie et dans d’autres États. “Les usines de traitement ne sont toujours pas construites“.

Affirmant que le règlement de l’État sur les eaux usées est déjà trop permissif , les associations de défense de l’environnement déclarent que si le service environnemental de l’État, le State Environmental Conservation Department (DEC), accorde les permis de forage, il doit auparavant élaborer un plan détaillé pour faire respecter la sécurité.

Si le DEC évite de régler ce problème, il renoncerait à ses responsabilités” dit Eric A. Glodstein, avocat de l’association  Natural Resources Defense Council (NRDC) et  membre d’un comité de travail qui conseille Joe Martens, le commissaire du DEC sur la fracturation hydraulique. “Les antécédents de l’industrie dans d’autres États n’inspirent pas confiance“.

L’agence environnementale de l’État a déjà été claire : des plans spécifiques de traitement des déchets doivent être mis en place avant que les permis de forage soient émis, de même que les sites de traitement de déchets. C’est la responsabilité de l’industrie gazière.

C’est le problème de l’industrie” a déclaré M. Martens dans une entrevue. “Ce n’est pas à l’État de trouver des sites de traitement de ces déchets.”

Certains officiels de l’industrie minimisent les problèmes, disant que les avancées technologiques permettent de recycler la majorité des déchets. En attendant que de nouvelles usines de traitement soient construites et entrent en fonction en Pennsylvannie, on utilise des méthodes  traditionnelles comme les puits d’injection à grande profondeur, ce qui se traduit par la ré-injection des eaux de fracturation dans les formations rocheuses souterraines, . “Quand l’exploitation démarrera à New York, les infrastructures seront développées ” dit John Holko, le président de Lanape Resources, une compagnie qui a investi dans 500 puits de gaz conventionnel dans New York. M. Holko est aussi le porte-parole d’une association représentant les compagnies pétrolières et gazières, l’Independent Oil and Gas Association of New York.

La compagnie Casella Waste Systems qui crée un site d’enfouissement et construit une usine de recyclage et de traitement des eaux de fracturation dans le comté de McKean en Pennsylvanie, affirme qu’elle pourrait facilement construire des usines semblables sur des sites d’enfouissement qu’elle possède dans l’État de New York, à condition que la demande soit suffisante.

Pour certaines associations environnementales, on ne peut se fier sur la façon dont l’État de New York gère actuellement les eaux issues des forages conventionnels ;  l’État de New York n’est pas prêt à gérer les quantités phénoménales d’eaux usées générées par des milliers de puits fracturés. L’association Environmental Advocates, dont les bureaux sont à Albany, déclare dans son dernier rapport du 4 mai 2012 que l’État ne contrôle pas réellement le cheminement des eaux polluées générées par plus de 6,800 puits conventionnels jusqu’à leur traitement final. Interrogées sur la gestion de leurs eaux de fracturation, les compagnies donnent souvent des réponses vagues, affirmant qu’elles sont “transportées vers un site d’enfouissement approuvé“. “Suivre pas à pas le cheminement des eaux depuis le puits jusqu’à leur terme est pratiquement impossible” affirme l’association Environmental Advocates.

Les autorités de l’État répondent que leurs propres projets de règlements sur les forages prévoient un strict contrôle du suivi des eaux de fracturation. Stuart Gruskin, ancien commissaire du DEC qui a contribué aux prémices des règlements et qui est désormais consultant, assure que la gestion des déchets de fracturations pourrait être sûre. À condition de trouver le site de traitement adéquat. “Un problème majeur dans l’État de New York” selon lui. 

Photo: J. Henry Fair
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