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Association Territoire d'avenir Ourcq-Marne-Multien
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30 mai 2012

L’AIE propose des «licences sociales» pour le gaz de schiste

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L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a dévoilé un recueil des «règles d’or» sur l’extraction des gaz non conventionnels comme le gaz de schiste. Selon l’agence, cette initiative était nécessaire pour que ces techniques soient acceptées par la population.
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Le gaz de schiste est un carburant fossile non conventionnel qui se retrouve dans des fissures naturelles et des fractures du sol. Jusqu’à il y a peu, aucune méthode sûre pour l’acheminer vers la surface n’existait.

Toutefois, en injectant de l’eau, du sable et des produits chimiques dans des formations rocheuses sous haute pression grâce à une technique connue sous le nom de fracturation hydraulique, les entreprises énergétiques pensent avoir trouvé une partie de la réponse aux problèmes de sécurité énergétique de l’Europe.

Cette méthode reste très controversée en raison de ses risques potentiels pour l’environnement, comme la pollution des nappes phréatiques, et des émissions de gaz à effet de serre plus importantes que pour le gaz traditionnel.

Les partisans de cette technique affirment que le gaz de schiste représente une alternative aux carburants fossiles traditionnels. Pour le moment, le vieux continent dépend de la Russie pour le gaz et les conflits entre Moscou et Kiev ont entraîné plusieurs interruptions de l’approvisionnement au cours des dernières années.

Aux Etats-Unis, le gaz de schiste représente 16 % de la production de gaz naturel et certains experts prévoient que cette part pourrait grimper à 50 % d’ici 20 ans.

Cette liste propose davantage de réglementations, de transparence, d’investissements, de protection de l’environnement et de meilleures pratiques.

« Pour que ce nouveau secteur prospère, il doit obtenir et conserver sa licence sociale pour opérer », a expliqué l’économiste en chef de l’AIE et auteur de ce rapport, Fatih Birol. « Cela a un coût financier, mais selon nos estimations, les coûts supplémentaires devraient être limités. »

Selon le rapport tant attendu de l’AIE, intitulé « Golden rules for a Golden Age of Gas », la mise en oeuvre de ces règles d’or pourrait « augmenter d’environ 7 % les coûts financiers liés au développement d’un puits de gaz de schiste ».

Antoine Simon, militant des Amis de la Terre spécialisé dans l’industrie extractive, reste toutefois sceptique quant à l’utilité de ces fonds pour atteindre à temps les objectifs climatiques de l’UE.

« Cela prendra beaucoup de temps et d’investissements qui ne seront donc pas consacrés aux énergies renouvelables ou à l’efficacité énergétique, deux domaines qui permettraient pourtant de réduire les émissions dès aujourd’hui », a-t-il déclaré à EurActiv.

M. Simon estime qu’il n’y a « rien de nouveau » dans le résumé du rapport et que l’AIE semble revenir sur certaines de ses positions favorables aux énergies renouvelables.

« C’est plutôt inquiétant », a-t-il commenté.

Une énergie propre ?

Le gaz de schiste a été présenté comme une énergie « propre », mais un autre rapport, publié la semaine dernière par la société de gestion de patrimoine Scottish Widows Investment Partnership, affirme que les techniques d’extraction actuelles ne permettent aucunement de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En effet, le processus de fracturation hydraulique, par lequel des formations rocheuses souterraines sont éclatées pour récupérer le gaz qu’elles contiennent, libère également une grande quantité de méthane dans l’atmosphère.

La fracturation provoque également la colère de ceux qui craignent des séismes, la contamination des eaux douces et d’autres dangers pour la santé publique. Ce mécontentement a d’ailleurs déjà poussé la Bulgarie et la France à interdire cette technique.

Ces inquiétudes sont renforcées par le fait que selon certains scientifiques, le méthane serait un gaz à effet de serre 20 à 100 % plus puissant que le dioxyde de carbone, à court terme.

Selon une étude de l’université de Cornell publiée l’année dernière, l’impact du gaz de schiste sur le climat serait « pire que celui du charbon ».

En revanche, si les entreprises utilisaient une technique de récupération (« green completion ») du méthane qui s’échappe suite à la fracturation, l’impact sur le climat pourrait être limité, selon le rapport de Scottish Widows.

«L’âge d’or du gaz»

L’AIE prévoit qu’en raison des inquiétudes relatives au climat et des quantités de gaz disponibles, sa part dans le bouquet énergétique mondial pourrait tripler d’ici 2035 pour passer à 1600 milliards de litres, soit 25 % du bouquet énergétique. Ce pourcentage est plus élevé que le celui du charbon et suit de près celui du pétrole.

Le gaz non conventionnel représentera 32 % de ce chiffre, selon le rapport de l’AIE, ouvrant ainsi la voie à « l’âge d’or » du gaz  qui pourrait, par exemple, permettre aux Etats-Unis de devenir autosuffisant sur le plan énergétique d’ici 2030.

La Pologne prévoit une action stratégique en matière de production de gaz de schiste début 2014.

Artur Runge-Metzger, le responsable européen des négociations climatiques, se demande si la grande dépendance de l’Europe face aux carburants fossiles permettra d’aboutir à la décarbonisation estimée indispensable avant 2050 par certains scientifiques pour limiter la hausse des températures mondiales à 2 °C.

«Révolution du gaz de schiste»

Pour empêcher la « révolution du gaz de schiste » de remplir l’atmosphère de méthane (et d’attiser la colère de la population), l’AIE recommande au secteur d’opérer de grands changements.

Les sites de forages devraient être choisis de façon à minimiser leur impact sur la société et l’environnement, et la surveillance de l’environnement devrait être renforcée et communiquée au public à chaque étape du processus de forage.

Une norme générale de performance des puits devrait être mise en place, afin d’introduire des règles strictes en matière de conception, de construction et de cimentation. Cela permettrait d’isoler les roches renfermant du gaz des autres strates géologiques comme les aquifères d’eau douce.

Une exigence de profondeur minimale lors de la fracturation devrait être imposée et le risque de séisme devrait être évalué via des études géologiques lors du choix du site, selon l’AIE.

Les préoccupations environnementales quant à la pollution des sources d’eau douce souterraines par des produits chimiques industriels doivent aussi être prises plus au sérieux.

L’eau douce devrait être moins utilisée, ainsi que les additifs chimiques. Il faut renforcer les plans d’intervention d’urgence et réduire au minimum le torchage du gaz naturel, préconise également ce rapport.

Pas de solution miracle

Mais même si ces règles sont adoptées, le gaz de schiste ne sera pas une solution miracle, prévient l’AIE dans son rapport.

«Ce n’est pas en se contentant d’avoir davantage recours au gaz naturel que nous pourrons atteindre l’objectif international de limiter la hausse des températures de 2 °C à long terme», peut-on encore lire dans ce document.

Outre l’utilisation de gaz non conventionnel, d’autres aspects seront des points clés, comme l’efficacité énergétique, les sources d’énergie faibles en carbone ou l’utilisation de techniques comme le captage et le stockage du dioxyde de carbone.

Réactions

Suite à la publication de ce rapport, le scientifique en chef de Greenpeace InternationalPaul Johnston, a déclaré : « Greenpeace est contre l’exploitation de réserves de gaz non conventionnel, car les impacts de cette technique n’ont pas été pleinement évalués, compris, traités et réglementés. Il s’agit entre autres du niveau élevé de fuite de méthane, de la pollution de l’eau et de la consommation d’eau très élevée. Le rapport de l’AIE reconnaît l’existence de ces préoccupations, mais n’apporte aucune solution. »

Publié sur EurActiv (http://www.euractiv.com)

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