Gaz de schiste / Un projet de forage abandonné

ROZOY-BELLEVALLE (Aisne). Il n'y aura pas de forage au hameau de Gillauche comme le prévoyait la société Toréador. Hess, le repreneur du permis de Château-Thierry, recherche un autre terrain plus favorable. Le collectif Carmen reste vigilant.

Pourquoi la société Hess a-t-elle abandonné le projet de Toréador, ancien détenteur du permis de recherches et d'exploitation d'hydrocarbures non conventionnels de Château-Thierry, prévu au hameau de Gillauche, sur la commune de Rozoy-Bellevalle ? Serait-ce l'action depuis deux ans et demi, de nombreux mouvements associatifs ou citoyens opposés à la fracturation hydraulique, qui a fait reculer les nouveaux chercheurs d'or noir ? Le service de presse Publicis, pour la société Hess, s'en défend. « Le site de Gillauche ne correspond pas aux différents critères d'implantation d'un puits », assure Géraldine Igou, avant d'en détailler certains : «La situation géographique, les habitations à plus de 300 mètres ou encore la proximité d'une route d'accès. »
Peu importe finalement les raisons du retrait, le collectif Carmen s'en réjouit ! Cette bonne nouvelle confirmée par Publicis, Carmen la tient d'une réunion publique, qui s'est tenue à Jouarre en Seine-et-Marne, fin mars. La Société Hess a présenté dans une ambiance tendue le programme d'exploration sur le permis dit de Château-Thierry. « Ils nous ont déclaré avoir formulé dernièrement une demande auprès de l'administration pour délocaliser le lieu du site de forage prévu à Rozoy- Bellevalle », témoigne Christine Lecque, représentante du collectif. « Mais contrairement à ce qu'ils avaient promis, nous n'avons pas reçu à ce jour, de précision sur le futur site. » Le service presse est lui aussi taiseux : « L'emplacement n'est pas encore connu, la société Hess est toujours en cours de négociations foncières. »

Un futur forage à Jouarre

Le collectif citoyen reste donc très vigilant. Il a rejoint la coordination des mouvements citoyens du Nord de la Loire pour avoir plus de poids face aux pétroliers. Carmen retient aussi la politique affichée du pétrolier. « Hess a affirmé qu'aucune plateforme ne serait construite sur un terrain dont le propriétaire s'y opposerait et qu'aucune pression ne s'exercerait », reprend Christine Lecque. « Il est nécessaire d'informer la population. S'il n'y a pas de convention de bail signée par des agriculteurs ou des propriétaires fonciers, il n'y aura pas de plateforme. »
Ce soir, au Cinéma Théâtre de Château-Thierry, le collectif animera un débat après la projection du film Promised Land (lire par ailleurs). « Ce sera l'occasion de faire le point sur la situation du permis de Château-Thierry et de répondre à toutes les questions du public. »
Pour rappel, la loi du 13 juillet 2001 interdit l'utilisation de la fracturation hydraulique, mais autorise sa mise en œuvre à des fins scientifiques, sous couvert d'une commission… toujours pas nommée. Hess a néanmoins déposé une demande de forage d'investigations à Jouarre dont la seconde partie, décrite comme horizontale au niveau dans la roche mère, a été refusée par la Préfecture. Un soulagement de courte durée pour le collectif, puisqu'un nouveau dossier est en instruction.

Isabel DA SILVA