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Association Territoire d'avenir Ourcq-Marne-Multien
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20 septembre 2013

les énergies La saga du gaz de schiste

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Têtes de cheval (BD)

Inconnus au bataillon il y a encore quatre ans, les gaz de schiste volent désormais la vedette aux énergies renouvelables. Sous leurs airs de nouveaux venus dans les débats de société, ils sont en fait le fruit de soixante ans d’une histoire de l’énergie secouée de basculement idéologiques et de découvertes scientifiques. Désormais rendus accessibles par la fracturation hydraulique, ils sont contestés au nom de la défense de l’environnement et font l’objet d’une bataille de lobbying sans précédent aux Etats-Unis, en France et dans le monde... mais il y a d’autres hydrocarbures du même type, ressources auparavant intouchées qui pourraient prolonger notre dépendance au pétrole et la rentabilité des majors. Au point même de modifier les rapports de force entre les grandes puissances, Europe, Canada, Russie, Etats-Unis, Chine... Une nouvelle révolution énergétique se profile où nous allons vous guider dans une enquête en trois actes : bienvenue dans l’ère des énergies extrêmes.

Ce dossier fait suite au reportage "Les pionniers du gaz de schiste" de Sylvain Lapoix et Daniel Blancou consultable dans le numéro 1 de La Revue Dessinée.

Vos commentaires, réactions et témoignages sont les bienvenus.

Le gaz de schiste, un sujet de BD par Sylvain Lapoix

L’idée de faire de mon travail sur les gaz de schiste une BD est venue de David Servenay. Déjà passionné par ce format quand nous étions collègues chez Owni, il y voyait l’occasion de raconter tout ce qui ne tenait pas dans les articles : ces militants improbables croisés dans le Languedoc, ces fonctionnaires cachotiers, ces ingénieurs mégalomanes et ces industriels sans gène. J’ai surtout été convaincu par la puissance du medium dans sa capacité à accompagner le lecteur entre la narration et la pédagogie.

Pour comprendre les gaz de schiste, il faut d’abord faire un petit point de géologie, mais pour piger pourquoi on les extrait maintenant, il faut passer par l’explication technique de la fracturation hydraulique, laquelle permet de mettre en avant les risques qu’elle implique... Dès que j’ai commencé à travailler dessus, les deux premiers réflexes ont été de créer une application interactive pour expliquer le fracking et faire une carte pour donner une idée de la taille des permis de recherche accordés dans le Sud de la France.

Par ailleurs, c’est un sujet qui se comprend avec les tripes  : si vous n’avez pas idée de ce à quoi ressemble la vallée de Monongahela en Pennsylvanie ou bien la région de la Dourbie dans le Languedoc, cette histoire ne sera qu’une abstraction. Sauf que, précisément, les gaz de schiste replacent un débat industriel dans des paysages familiers, bien plus proches de nous que les champs de gaz anonymes du Qatar, et c’est là où se trouve le débat. Le premier chapitre donne un visage aux hommes (l’absence de parité du milieu est flagrante) qui ont oeuvré à permettre ce boom. Et, en cela, remplit la tâche essentielle du journalisme : raconter une histoire à des lecteurs.

Travailler avec Daniel Blancou

Le choix de mon coauteur s’est fait sur une banquette de la brasserie Terminus Nord, en face de la gare du même nom, à Paris. David Servenay m’avait parlé de bosser avec David B., le dessinateur de l’excellent «Les meilleurs ennemis» mais je n’avais pas été emballé. Je lui ai dit que j’avais besoin d’un coauteur qui sache dessiner «des personnes en gros plan, des machines et des paysages vides». Il m’a montré sur son ordinateur un des projets expérimentaux de Daniel dans la revue Lapin, où il avait mis en image le journal intime d’une vieille dame et ça m’a tout de suite plu. J’ai trouvé ça beau et créatif dans la forme, et j’ai constaté qu’il n’avait pas peur de remplir une case d’un horizon. J’ai dit banco !

Le seul hic, c’était que Daniel habite à côté de Strasbourg et moi à Paris. Sylvain Ricard m’a dit « nous pouvons vous payer trois aller-retour, un peu chaque chapitre  ». Je me suis rendu en Alsace le 1er février et nous nous sommes immédiatement mis au boulot. Installés dans une salle habituellement réservés à des cours de dessin pour les enfants, j’ai gribouillé un cours de géologie et d’économie de l’énergie pendant trois bonnes heures avant que Daniel ne me fasse un exposé sur les règles du scénario. Nous avons été manger un navet salé dans un winstub puis nous sommes rentré chez lui pour mettre tout ça à plat. Le lendemain soir, nous avions recouvert un mur avec des post-it résumant les principaux éléments du chapitre 1. Le reste du chapitre s’est donc écrit sur des Google Docs et par images partagées sur Joomeo.

Au début, j’envoyais des verbatims d’inteviews traduites (Daniel ne parlant pas l’anglais). Mais mon compère les mettait tout de suite en bulles. De mon côté, j’écrivais les planches au kilomètre, au point qu’il n’y avait parfois plus de place pour les dessins. Notre collaboration a commencé à se fluidifier quand j’ai parlé à Daniel avec des images et lui en figures de style. J’ai passé deux bonnes semaines à couper du texte dans tous les sens pour aérer les planches et nos premières corrections orthographiques ont été faite par Monsieur et Madame Blancou, père et mère.

Durant le deuxième chapitre, j’ai envoyé à Daniel une planche où je décrivais mon arrivée sur une plateforme pétrolière déserte. Le texte en était  : «Sur place, il n’y avait rien à voir». Je reçu sa réponse dans la minute  : «J’ai été choisi pour dessiner cette planche, j’en suis sûr» ! Nous avions trouvé notre langage commun. Et tout ça, à 500 km de distance.

La bande annonce de Gasland

Mon premier contact avec ce sujet fut la bande annonce de Gasland, qu’un ami me montra sur un billet du blog de Fabrice Nicolino. Elle m’a fasciné de bout en bout : le robinet qui s’enflamme, bien sûr, mais aussi le schéma de la fracturation hydraulique, le témoignage des gens, les paysages hallucinés... C’est autant un documentaire qu’un film d’auteur mais la patte qu’y met Josh Fox capture l’effet saisissant de voir un paysage se transformer de façon si radicale. Il y a aussi une touche de polar, la présence de lobby, de politiciens complices... J’ai vu ce film tellement de fois en projection publique que je pourrais en écrire le storyboard sur une nappe de restaurant. Mais chaque personne à qui je le montre est curieuse de comprendre. Comme chaque personne à qui l’on explique la première fois ce que sont les gaz de schiste.


Les photos d’archives

Ces photos sont un énorme coup de chance : c’est Carl T. Montgomery (ingénieur et professeur d’université) qui me les a envoyé par mail. J’avais lu un de ses articles qui trouvait les racines de la fracturation hydraulique dans les années 1940. Il ne se basait que sur des sources écrites pour l’attester. Et, un jour, un de ses étudiants lui a remis des copies de ces clichés : les photos de ces forages de 1949 dormaient dans les archives de la compagnie de services pétroliers Halliburton depuis tout ce temps. Quand on voit les types en bleu de travail déverser du sable à même le puits, c’est presque de l’artisanat comparé aux ingénieurs qui poussent une manette dans une cabine pour réaliser la même opération aujourd’hui.

Ma première «vraie» plateforme

J’avais loupé des rendez-vous, fait deux interviews sans intérêt et raté mon RER pour Paris... mais la chance m’a permis de regagner le lieu-dit de La Petite Brosse, à Jouarre, en Seine-et-Marne. Là, la société Toréador associée à la compagnie américaine Hess foraient pour les huiles de schiste. A l’époque, ce n’était qu’un hectare de boue avec un piquet là où serait creusé le puits, c’était en février 2011. Depuis, ce lieu est devenu bien autre chose mais nous vous en parlerons plus longuement dans le deuxième chapitre.

Reportage et témoignage de Sylvain Lapoix

Quelques liens :

Le rapport de l’agence internationale de l’énergie "Golden age of gas" :

Le rapport sur les produits chimiques présents dans la fracturation hydraulique :

Le rapport intégrale de Vello Kuurskraa évoqué dans la BD :

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