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Association Territoire d'avenir Ourcq-Marne-Multien
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25 avril 2012

Gaz de schiste : les pétroliers prêts à riposter aux écolos

Mis en échec l'année dernière par les mouvements citoyens et les ONG vertes, les partisans de l'exploitation de cet hydrocarbure ne désarment pas.

Il aura suffi de quelques images chocs tournées au fin fond de l'Ouest américain et montrant une eau saumâtre coulant d'un robinet puis s'enflammant comme du pétrole pour réveiller en France une fronde populaire inconnue depuis des lustres. Le film Gasland, de Josh Fox, aura été le meilleur argument des écolos pour casser les espoirs de développement des gaz de schiste dans l'Hexagone. Tout commence fin 2010, quand l'opinion publique apprend l'octroi par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'Ecologie, de plusieurs dizaines de permis d'exploration sur presque un dixième du territoire français. "On a été d'autant plus choqués que tout s'est fait en catimini", dénonce Adeline Mathien, chargée du réseau énergie à France nature environnement [*] (FNE). Le feu se répand alors très rapidement.

De l'Ile-de-France à l'Ardèche, des centaines de comités de citoyens anti-gaz de schiste soutenus par les fédérations locales d'ONG vertes voient le jour, tandis que José Bové s'empare du dossier et qu'une campagne de dénonciation des pollutions causées par la fracturation hydraulique inonde le Net. A moins d'un an des élections présidentielle et législatives, de nombreux députés de terrain prennent fait et cause pour les "rebelles verts". Une motion parlementaire "contre l'exploitation des gaz de schiste" écrite à l'initiative de Pierre Morel-à-l'Huissier, député UMP de Lozère, et de Pascal Terrasse, député PS de l'Ardèche, dépasse la centaine de signataires. Le 13 juillet 2011, le gouvernement opère un rétropédalage impressionnant, interdisant en France la fracturation hydraulique, jugée trop polluante. Les pétroliers sont pris de court. "Nous n'avons rien vu venir", admet Marc Fornacciari, représentant en France de Schuepbach Energy. Cet avocat d'affaires va même jusqu'à imaginer que le gazier russe Gazprom, inquiet du potentiel développement des gaz de schiste en Europe, aurait financé une partie du lobby vert.

Calmer "les peurs irrationnelles" du public

Dans les luxueux bureaux de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), Jean-Louis Schilansky, son président, flanqué de son communicant, Jean-Pierre Balligand - ancien directeur de la communication de Total -, s'apprête à relancer la bataille. La loi permet en effet aux industriels, sous couvert de recherches scientifiques, de lancer des opérations d'exploration afin de mesurer le potentiel exact. "Ces expérimentations nous donneront une bonne base pour calmer les peurs irrationnelles de l'opinion publique", explique posément Jean-Louis Schilansky, qui prévoit aussi "d'emmener une partie des députés influents de la future Assemblée nationale aux Etats-Unis pour voir de plus près l'extraordinaire essor des gaz de schiste"... Mais c'est au sein de la future Commission nationale d'orientation, chargée de suivre le déroulement des expérimentations, que la bataille des lobbys anti- et pro-gaz de schiste va se jouer. Le choix, par le seul ministre de l'Industrie, des trois "experts indépendants" déterminera sans doute l'avenir du gaz de schiste en France.

[*] France nature environnement fédère 3 000 associations de protection de l'environnement sur tout le territoire. Un maillage très fin qui permet à FNE de jouer le rôle de lanceur d'alerte. Son président : Bruno Gentil. Son budget : 3 millions d'euros en 2010.

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