L'éviction de Nicole Bricq inquiète les antipétrole de schiste
Sa nomination au ministère de l'Ecologie avait soulevé une vague d’espoir parmi les opposants à l’exploration et l'exploitation du pétrole de schiste. Mais Nicole Bricq, réélue sénatrice (PS) de Seine‑et‑Mame il y a un an a changé mercredi soir de ministère pour s'occuper du commerce extérieur. Visiblement touchée par cette éviction, la socialiste membre du courant écologique de son parti n’a pas souhaité faire de commentaires, espérant simplement que « ce [que] j'ai engagé se poursuive ».
«C’était la bonne personne au bon poste, regrette Marie Richard, conseillère générale (PS) du canton de La Ferté‑sous‑Jouarre où Toréador-Hess projette de reprendre ses travaux pour réaliser des forages d'exploration à l’automne. Elle est sensible aux sujets écologiques».
Laurence Parisot aurait appelé François Hollande
«Elle nous a soutenus. Nous avions beaucoup d'espoir, ajoute Marie-Paule Duflot, vice‑présidente de Nature Environnement 77. Mais elle n’a pas pu tenir sa promesse d'annuler les permis. Quoi qu'il en soit je suis sceptique sur la nouvelle ministre, Delphine Batho, qui n’a aucune compétence sur le sujet». En un mois, Nicole Bricq avait commencé une réforme qui lui tient à cœur depuis longtemps, celle du Code minier, publié sur Internet tous les permis de recherche afin d’instaurer plus de transparence et surtout voulu «mettre à plat tous les permis», notamment celui de Guyane. Là‑bas, Shell et Total s'apprêtent à réaliser un forage offshore à 6000 m de profondeur. «Cela apparaît comme un signe d’allégeance aux sociétés pétrolières auxquelles Nicole Bricq s'était opposée dès l’émergence de la polémique sur les hydrocarbures de schiste», dénonce le conseil politique EELV77.
Car les autorisations ont finalement été transmises. Pour cela, Laurence Parisot, la présidente du Medef, aurait elle‑même appelé François Hollande pour lui rappeler les engagements de l’Etat concernant les permis d'exploration. Et Delphine Batho a pris en main le ministère de l’Ecologie. «Ce changement nous interpelle. Les circonstances laissent penser que les pétroliers ont facilement raison soupire Caroline Pinet, ancienne candidate EELV‑PS aux législatives et cofondatrice du collectif Stop pétrole de schiste 77. Ce n’est pas de bon augure pour nos territoires».
Dès vendredi soir, Delphine Batho a réaffirmé «l'engagement du gouvernement de poursuivre les travaux engagés en ce qui concerne la réforme du Code minier», dans le but de «renforcer les procédures de concertation des populations, d’imposer des garanties de protection de l'environnement et d’assurer une parfaite transparence dans l’instruction et la délivrance des permis et des autorisations».
Sur le terrain, les choses se précisent. Mercredi soir, les maires concernés par les forages ont été reçus par le secrétaire général de la préfecture pour leur exposer l'avancée des travaux. «Toreador‑Hess va demander une modification pour utiliser non pas une boue avec de l'eau, mais avec de l'huile, explique Jean‑François Delesalle, maire (SE) de Doue. Cette technique est polluante».
Toreador‑Hess a promis une réunion publique à des manifestants venus vendredi perturber l'inauguration de ses locaux à La Ferté‑Gaucher finalement annulée. Le pétrolier prévoit aussi quatre nouveaux forages à Chartronges, Sains‑Mars‑Vieux‑Maison, Sourdun et Nonville. Le conseil municipal de Nonville s'est opposé à l'unanimité à ce forage. Une pétition est en ligne sur le site Intemet de la commune. « Nous allons nous retrousser deux fois plus les manches », prévient Caroline Pinet.
FAUSTINE LEO